Le dandy et son Concerto pour piano en sol majeur
J’ai
découvert ce concerto relativement tard par rapports aux autres œuvres pour
piano de Ravel, à dix-neuf ans, plusieurs mois avant mon départ en France, au
moment où je croyais avoir passé un long temps pour bien digérer les œuvres comme
Gaspard de la nuit, Le tombeau de Couperin, Sonatine et Miroirs etc. avec les
enregistrements de Vlado Perlemuter. Le disque du pianiste allemand, Werner
Haas chez PHILIPS m’a donné la première impression de cette œuvre sublime et
indéfinissable. Contrairement à mon expérience de la première écoute des autres
pièces de Ravel, l’ambiance, le rythme et le thème par la trompette du premier
mouvement se sont gravés aisément dans la mémoire aussitôt que l’écho de la
dernière note a disparu, cependant j’ai ignoré complètement dans le mouvement
lent, la structure majestueuse de la longue ligne du thème, qui retient l’attention
de tout le monde en général.
Plus
tard, j’ai entendu le pianiste français, Hervé Billaut le jouer en concert, ensuite
j’ai découvert l’interprétation de Martha Argerich, avec Berliner
Philharmoniker sous la direction de Claudio Abbado, et l’année dernière le
nouveau disque de Yundi Li couplant Ravel et Prokofiev, avec Berliner Philharmoniker
aussi et Seiji Ozawa qui tient la baguette. Si je ne préfère pas la version de
la virtuose Argerich, c’est parce que je reste toujours impressionné par le petit
décalage (mais difficile à négliger) entre la pianiste et l’orchestre juste
avant l’entrée de la trompette dans le premier mouvement, pendant un concert sous
la direction d’Aldo Ceccato le 14 décembre 1985, malgré le fait que le reste de
son interprétation est autant impressionnante que cette petite imperfection.
Ce qui me plaît dans la version de Yundi Li, c’est tout simplement : la justesse de rythme d’abord, ensuite le style bien maîtrisé (Ravel n’est pas Chopin, ni Liszt manifestement), et enfin la simplicité, il nous les démontre avec une stabilité presque parfaite dans le mouvement lent, sans traîner avec la fatigue, ni précipiter. Si l’interprétation d’Argerich est reposante comme une berceuse, celle de Yundi Li serait plutôt une promenade tranquille. Quand il s’agit de la concision du dernier mouvement rapide, le jeune pianiste arrive à capter les auditeurs par un jeu très clair et précis toujours avec insouciance, mais jamais superficiel. En même temps, une précision impeccable pourrait effacer plus ou moins une partie des belles surprises, celles qui sont précieuses justement chez Argerich, comme nous pouvons remarquer particulièrement dans le premier mouvement : quelques éclats inattendus.
Deutsche Grammophon, Prokofiev: Concerto pour piano No. 3, Ravel: Concerto pour piano en sol majeur, Gaspard de la nuit, Martha Argerich, piano, Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado
Download: 2. Piano Concerto in G: II. Adagio assai (9.03)
Deutsche Grammophon, Prokofiev: Concerto pour piano No. 2, Ravel: Concerto pour piano en sol majeur, Yundi Li, piano, Berliner Philharmoniker, Seiji Ozawa
Download: 6. Ravel: Piano Concerto in G major : II. Adagio Assai (8.42)